Le système de protection de l’enfance veut protéger. Pourtant, certains enfants subissent encore des violences, même une fois placés. Ce paradoxe choque. Parlons-en.
Une violence bien réelle
Les jeunes placés vivent parfois des violences dans les structures censées les protéger. Ces violences prennent plusieurs formes : insultes, coups, humiliations, négligence. D’abord, elles viennent d’adultes encadrants. Ensuite, elles peuvent venir d’autres jeunes. Dans tous les cas, elles laissent des traces profondes.
Pourquoi ces violences existent ?
Premièrement, les structures d’accueil manquent souvent de moyens. Pas assez de personnel, pas assez de temps pour chaque jeune. Résultat : on gère les urgences. On éteint les feux, mais on ne prévient rien.
Deuxièmement, les professionnels ne sont pas toujours bien formés. Beaucoup ne savent pas comment réagir face à des jeunes en souffrance. Alors, parfois, ils réagissent mal. Trop vite. Trop fort.
Troisièmement, le huis clos favorise les tensions. Dans un lieu fermé, sans repères stables, la violence s’installe. Et surtout, elle se banalise.
Un continuum de violences
Les jeunes placés ont souvent fui la violence familiale. Mais une fois placés, ils découvrent d’autres violences. C’est un enchaînement. Un cercle vicieux. Ils passent d’une maltraitance à une autre. L’institution devient un lieu de douleur supplémentaire.
Des témoignages bouleversants.
Beaucoup de jeunes témoignent après leur sortie. Ils racontent l’insulte quotidienne. L’isolement. La peur. Le mépris. Ils évoquent aussi les punitions injustes, les cris, parfois les coups. Ces récits soulignent une même idée : la violence institutionnelle existe. Et elle blesse.
Les conséquences à long terme
Ces violences ne s’arrêtent pas à la sortie du foyer. Elles marquent durablement.
Sur le plan psychologique : anxiété, dépression, troubles de l’estime de soi.
Socialement : difficulté à faire confiance, à créer des liens.
Professionnellement : parcours scolaire chaotique, orientation floue, décrochage.
En résumé : ces jeunes sortent abîmés. Et souvent, seuls.
Alors, que faire ?
On ne peut plus fermer les yeux. Il faut agir, vite, et bien. Voici quelques pistes concrètes :
- Mieux former le personnel
Formons les professionnels à la gestion de crise, à l’écoute active, à la non-violence éducative. Un adulte formé réagit avec justesse. Notre organisme de formation a entrepris un travail de recherche autour des « gestes contenants ». Nous avons stoppé et ralenti nos réponses face à une solution institutionnelle grandissante. Au lieu de « former à la contention » ; nous proposons une formation pour « repousser la contention dans l’ultime recours ». Une formation que nous appelons : MAINTIEN DE SÉCURITÉ. Ce module dure un jour. Nous rencontrons en amont la direction et les cadres pour proposer un PROTOCOLE d’INTERVENTION qui sécuriser la pratique des professionnels, de l’institution, et le centre de formation. Nous devons aller au-delà des simples gestes de judo, de sport de grappling adaptés pour les transformer en gestes contenants pas toujours en adéquation avec notre obligation de respecter le cadre déontologique.
Afin de compléter le Référentiel de Bonnes Pratiques, nous sommes en contact avec la Haute Autorité de Santé qui a accusé réception de notre écrit. Plusieurs structures ont manifesté leur volonté de nous rejoindre dans notre groupe de travail. Aujourd’hui l’équipe de formation de GESIVI travaille sur un module de prévention pour des jeunes afin de trouver des alternatives au passage à l’acte violent par le biais de mises en situation filmées et analysées. Dans le cadre de notre formation certifiante, le sujet des GESTES CONTENANTS sera abordé avec une présentation de l’avancée de nos travaux et propositions.
- Renforcer les moyens humains et financiers
Des structures bien dotées prennent mieux soin. Plus de personnel, c’est plus de présence. Moins de tensions. Plus de lien. - Créer des espaces de parole pour les jeunes
Les jeunes doivent pouvoir parler. Sans peur. Sans jugement. Des référents extérieurs, neutres, doivent les écouter et les croire. - Contrôler les structures régulièrement
On ne peut pas laisser certaines maisons vivre en vase clos. Des inspections surprises, des rapports transparents : c’est une sécurité pour tous.
Conclusion
Un placement ne devrait jamais rimer avec souffrance. Protéger, c’est d’abord écouter, respecter, soigner. L’institution doit devenir un refuge. Pas une épreuve. Il est temps de revoir nos pratiques. Il est temps d’écouter ceux qu’on prétend protéger.
Le dossier complet : « Violence sous protection »