Montres moi comment tu marches et je te dirais qui tu es.

Se tenir debout et marcher sont deux caractéristiques de notre espèce façonnées par l’évolution. Mais contrairement à ce qu’on pourrait penser, ces actions ne sont pas consacrées uniquement au déplacement. La démarche transmet un message, qui remplit plusieurs fonctions : renseigner les autres sur le statut social d’un individu, sur son sexe, sa capacité de reproducteur, voire certains aspects de son tempérament, sa vulnérabilité et son état émotionnel.

Selon les psychologues, Nicolas Gueguen est enseignant-chercheur en psychologie sociale à l’Université de Bretagne-Sud. La démarche révélerait certains traits de personnalité, notamment la sociabilité ou la dominance.

On commence aujourd’hui à repérer à quel type de caractère ou d’émotion est associé le type de démarche. Un mécanisme ancré dans l’histoire humaine. Selon certains chercheurs, la façon de marcher aurait constitué un proto-langage renseignant sur les intentions d’autrui, avant l’apparition du langage oral.

« La marche, la démarche peut être un langage pour celui qui fait un effort de lecture. » Leslie Zebrowitz-McArthur

« Nos observations de terrain lorsque nous étions en poste la nuit à Marseille, nous ont permis de constater qu’un prédateur ne se fait pas par hasard. (choix d’un mineur en difficulté par un pédophile posté aux alentours de la gare St Charles, mais aussi choix de la future victime pour un « arracheur de sac ») Interrogés par nos soins, ils expliquent que la façon de marcher les aide dans leur choix. » Didier JAFFIOL

Même constat pour l’équipe de Rebekah Gunns à l’université de de Canterbury à Christchurch en Nouvelle-Zélande. Des observateurs jugent certaines démarches comme étant celles de personnes ayant davantage de risques de se faire agresser, et d’adopter une attitude soumise ou passive en pareil cas. Les expériences montrent que nous avons l’intuition de ces caractéristiques en observant quelqu’un marcher.

Pour nos métiers, ce travail d’observation est fort utile.

Il est empiriquement utilisé par ceux qui « ont du flair » comme on dis. Ils sont sollicités pour observer les individus susceptible de commettre un acte malveillant au sein d’une file d’attente (file d’attente, ou dans un rassemblement).

Ainsi, l’amplitude des enjambées et des mouvements des bras ainsi que l’attaque du talon sur le sol semblent, comme nous l’avons évoqué, jouer un rôle important. De façon générale, le degré de dominance ou de soumission d’un individu (la dominance se manifeste par une facilité à imposer ses opinions, à se mettre en avant, à monopoliser la parole, se faire obéir, etc.) serait en partie identifiable dans la démarche. (MONTEPARE, université Brandeis)

Tout cela conduit à penser les chercheurs que la démarche aurait rempli un rôle de communication instantanée. Un mode observable aujourd’hui. Une observation permettant de faire un choix de manière instinctive par certains prédateurs. Mais un outil d’analyse pour les professionnels comme ceux qui suivent nos formations de gestion des publics agressifs. Il est utile voire indispensable de décrypter la démarche de nos interlocuteurs. On peut ainsi anticiper, prévenir, identifier et désamorcer au mieux les conflits en prenant un temps d’avance.

Source: Cerveau et Psycho N45.

Stage dispensé par Jean-Pierre VEYRAT

L’analyse morphogestuelle est la première approche du comportement observable à associer les deux dimensions corporelles majeures que sont : la gestuelle, composée des postures, des gestes et des mimiques et le visage considéré comme une zone privilégiée d’observation. Ce dernier concentre une extraordinaire concentration de moyens d’expression pouvant révéler également l’histoire et les évolutions du cours de la vie.

Jean-Pierre VEYRAT qui est un des meilleurs spécialistes français sur le sujet.