AVERTISSEMENT: cette vidéo est violente et peut choquer.
Nous remercions nos consultants et amis pour leur analyse. Les analyses ci-dessous émanent de spécialistes et n’ont pas d’intention critique, sachant que la critique est aisée quand on « connait la fin du film et son générique de fin ». Ce RETEX a pour intension de se nourrir de cette expérience pour aider les intervenants à comprendre pour mieux agir.
1. Comprendre les signes avant-coureurs du passage à l’acte
Eric Henrion, spécialiste en décryptage des comportements agressifs, analyse les gestes et attitudes de l’agresseur. Selon lui, plusieurs indices permettent de prédire l’agression :
- Mouvement constant : L’agresseur tourne en rond, comme un « lion en cage ». Ce geste reflète une agitation interne.
- Couteau dirigé vers l’avant : Le couteau est souvent pointé droit devant. C’est un signe de préparation à attaquer.
- Regard fuyant : L’agresseur détourne souvent le regard, un signe d’angoisse ou de stress.
- Auto-contact : Il se touche le visage lorsqu’il évoque sa famille. Ce geste montre une émotion forte.
- Intrusion déterminée : Il se dirige rapidement vers sa cible, prêt à attaquer.
Henrion met en évidence qu’il est possible de prédire une agression par ces signes. Il note également que l’agresseur pourrait avoir agi dans l’optique d’un « suicide par procuration » (suicide by cop), cherchant à se faire tuer par les forces de l’ordre.
2. La gestion de la crise et la négociation
Didier Gueguen, négociateur et ancien membre du GIPN, partage son analyse sur la gestion de la crise. Il souligne que la négociation dans une telle situation est délicate. Pour lui, certaines erreurs ont été commises, comme :
- Ton menaçant : Utiliser des phrases comme « réfléchissez bien » ou « attention si tu continues » est contre-productif. Ces mots peuvent accroître la tension.
- Parler de la famille : Gueguen recommande de rester sur le thème de la famille pour créer une connexion émotionnelle. Cela aurait permis de désamorcer partiellement la situation.
- Distance physique : À moins de 8 mètres, la situation devient risquée. Si l’agresseur engageait l’attaque, il fallait réagir immédiatement. L’usage de la force aurait été nécessaire pour stopper la menace.
Il nous rappelle que critiquer après coup est facile. Dans une situation aussi tendue, les options sont limitées, et il est parfois nécessaire d’utiliser la force pour assurer la sécurité.
3. La gestion émotionnelle des intervenants
Bruno Ancrenaz, spécialiste en gestion du stress, se concentre sur la gestion émotionnelle des intervenants. Pour lui, même dans une situation de grande tension, il est essentiel de garder son calme. Il recommande plusieurs actions :
- Voix bienveillante : Il souligne l’importance de garder une voix calme, même face à une agression violente. Cela aide à maintenir une certaine maîtrise.
- Defusing émotionnel : Après l’attaque, il est crucial de permettre aux témoins de se décompresser. Une cellule d’urgence permet de gérer le stress post-traumatique.
- Intégration de la situation : Les témoins doivent comprendre que, dans cette situation, l’usage de la force était la seule option. Cela permet de préparer psychologiquement les individus à une telle issue.
Ancrenaz ajoute que la gestion émotionnelle est essentielle pour réduire les effets traumatiques après l’incident. Cela aide aussi à éviter que la situation ne dégénère davantage.
4. L’importance des formations spécialisées
Les analyses de Gueguen, Henrion et Ancrenaz montrent l’importance des formations spécialisées pour gérer les situations de crise. Ces formations permettent aux intervenants de :
- Comprendre les comportements : Identifier les signes avant-coureurs d’une agression permet de mieux anticiper et réagir.
- Maîtriser la négociation : Savoir négocier avec un agresseur réduit les risques d’escalade de la violence.
- Gérer le stress : La gestion émotionnelle aide à maintenir le contrôle et à protéger les témoins et les victimes.
Des formations comme celles proposées par Gueguen, Henrion et Ancrenaz sont essentielles. Elles permettent aux professionnels de mieux réagir face à des situations de crise.
Conclusion : Apprendre de l’expérience
L’agression au couteau à Marseille est un exemple frappant de la nécessité de comprendre et de maîtriser les comportements des agresseurs. Les retours d’expérience de nos experts nous apportent des clés pour mieux gérer de telles situations. L’observation des signes avant-coureurs, la négociation, et la gestion émotionnelle sont des éléments clés pour intervenir efficacement.
En conclusion, la formation continue des intervenants est indispensable. La gestion des crises, la négociation et l’analyse des comportements permettent de mieux prévenir les agressions. Cependant, face à un agresseur armé, l’usage de la force reste parfois la seule option pour assurer la sécurité de tous.